Points de réflexion
1. En cette 9e semaine du Temps Ordinaire, nous lisons le livre de Tobie et nous poursuivons la lecture de l’Évangile selon saint Marc. Cet Évangile se présente comme la démonstration de la thèse avancée par le premier verset : « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu ». Jésus est le Fils de Dieu, le Messie, le Sauveur. Le livre de Tobie, de son côté, est un récit d’édification, une histoire familiale qui interpelle le lecteur par la présence de cette Providence bienveillante de Dieu, chantée par le Ps 145 : « Le Seigneur rend la vue aux aveugles, le Seigneur redresse les courbés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l’étranger, il soutient l’orphelin et la veuve » (vv. 8-9). Tobie et son père Tobit incarnent des modèles pour le peuple d’Israël et pour les hommes de bonne volonté de leur époque, parce qu’ils accomplissent la loi, c’est-à-dire, qu’ils s’accordent avec la volonté et les sentiments de Dieu : « Moi, Tobit, j’ai marché sur des chemins de vérité et dans les bonnes œuvres tous les jours de ma vie » (Tb 1, 3).
2. En cette neuvaine de préparation à la fête du Sacré-Cœur, Jésus nous invite à revêtir ses sentiments, à agir, à penser, à parler d’un seul cœur avec lui. Cela implique l’intériorisation de sa parole par l’écoute attentive, comme les auditeurs du Temple qui l’écoutaient avec plaisir et l’humble prière à l’Esprit Saint, qui met la loi en nous. Accordés avec Jésus, nous découvrons qu’il est venu changer nos expectatives trop humaines de salut ; notre Sauveur, en effet, n’est pas simplement un descendant de la maison de David, il est son Seigneur comme le déclare Jésus dans l’Évangile. La première lecture, un voyage de retour à la maison paternelle et une conclusion heureuse de la mission de Tobie, peut nous aider aussi, comme point de comparaison pour comprendre la grandeur de la figure de Jésus, Fils de Dieu, et les sentiments de son cœur. Tobit et Anne attendent le retour de leur enfant. A sa vue, la mère « courut se jeter au cou de son fils et lui dit : Je te revois, mon enfant. À présent, je peux mourir ! ». Le bon fils, obéissant et fidèle, fait la joie de ses parents, il est la lumière de leurs yeux. Dans le Nouveau Testament nous assisterons au retour, moins glorieux, d’un autre fils et à l’accueil encore plus miséricordieux du Père qui « courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement » (Lc 15,20). Le livre de Tobie est encore marqué par la théorie de la rétribution très présente dans la littérature sapientielle. Jésus, lui, offrira sa vie pour « ce qui était perdu » (Lc 19,10). Tout ce passage, et le livre en général, est caractérisé par la louange et l’action de grâce à Dieu en toute circonstance. Toute la vie de Jésus est cela : une prière et une offrande constante au Père. L’accueil que Tobit réserve à sa belle-fille, frappée par la malédiction auparavant, nous fait penser à l’accueil que le Père accorde à l’Église, épouse du Christ, dans sa gloire.
3. Un autre élément de comparaison est intéressant. Le Messie sera plus qu’un intermédiaire humain ou angélique auprès de Dieu : il est le Seigneur. La présence de Raphaël, qui guérit et accompagne, est signe de la bienveillance divine, de Dieu qui est proche de ses enfants. Jésus rappellera à ses auditeurs : « Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon Père qui est aux cieux » (Mt 18,10). Dans la lecture de demain, Raphaël confirmera à Tobit et à Tobie : « Eh bien ! Quand tu priais en même temps que Sarra, c’était moi qui présentais votre prière devant la gloire de Dieu, pour qu’il la garde en mémoire ». La protection des anges est un don inestimable pour les hommes, mais dans les projets de Dieu, une autre forme d’intercession nous a été donnée, celle de Jésus, unique médiateur entre Dieu et les hommes, « abaissé un moment au-dessous des anges, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur, parce qu’il a souffert la mort : il fallait que, par la grâce de Dieu, au bénéfice de tout homme, il goûtât la mort » (He 2,9). Par sa mort nous sommes tous devenus des fils dans le Fils.
Dialogue avec le Christ
Sacré-Cœur de Jésus, accorde-moi de revêtir les sentiments de ton Cœur, de faire mienne cette solidarité extrême qui t’a porté à assumer notre nature, à partager nos misères et nos faiblesses. Que ton Esprit nous donne la grâce d’être des hommes et des femmes justes et fidèles comme Tobit et sa famille, et qu’il fasse briller en nous la grâce du baptême par laquelle nous sommes devenus des enfants de Dieu.
Résolution
Offrir à Jésus un détail spécial d’amour pendant la neuvaine du Sacré-Cœur pour réparer pour les péchés des hommes.
Cette méditation a été écrite par Frère Roger Villegas, LC