Ce n’est pas raisonnable
Un père qui a du bon sens aurait dû se fâcher : « Tu voulais ton héritage ? Tu l’as eu. Tu as dépensé tout ton argent dans les boîtes de nuit ? Débrouille-toi maintenant. Il n’y a plus de place pour toi ici. » Comme « la cigale et la fourmi ayant chanté tout l’été … » de Lafontaine.
C’est ainsi qu’aurait réagi un père raisonnable, un père pas trop bonasse. Et c’est ainsi que nous aurions réagi, peut-être. En tout cas, c’est ainsi que nous réagissons souvent dans des cas semblables. Une chance pour nous – Autrement, il y en a plusieurs qui devraient se considérer comme condamnés à tout jamais ! Moi le premier, si nous n’avions jamais une chance de nous reprendre.
Quand des gens s’efforcent d’être bons pour les autres comme le Père, indulgents et compréhensifs pour tout le monde comme le Père, ne sommes-nous pas portés à les considérer comme faibles et naïfs ? Alors, que penser de ceux qui sont « pratiquants » du dimanche qui se permettent de juger de haut ceux qu’on dit « non pratiquants ». Et que dire de ceux qui voient comme une injustice le fait de se montrer tolérants envers les divorcés remariés, les prisonniers, les prostitués, les drogués et tous les marginaux. Être bon envers eux serait une erreur, selon certaines gens. « Moi, Seigneur, j’ai toujours observé les commandements ; et Tu les aimerais autant que Tu m’aimes ? » Cette attitude n’a rien de l’attitude du Christ ; voyons Jésus avec la Samaritaine, ou avec Zachée, ou avec la femme adultère. Cette attitude que nous avons trop souvent n’a rien non plus de l’attitude du Père : pensons à la parabole de ce dimanche.
Notre cœur ne doit pas être mauvais parce que celui de Dieu est bon. Réjouissons-nous plutôt du fait que notre Père soit si peu raisonnable dans son amour pour nous et essayons de devenir fous d’amour, nous aussi …
Veux-tu le suivre ? … Alors, mets ta main dans la sienne pour que le rythme de son Cœur fasse de ton cœur un cœur semblable au sien. Ainsi, c’est de cœur en cœur branchés au sien que nous pourrons chanter, en vérité, la réalisation du désir du Père : « Je voudrais qu’en vous voyant vivre, étonnés, les gens puissent dire :«Voyez comme ils s’aiment, voyez leur bonheur. »
par Paul-Eugène Marotte, ptre le 10 mars 2013