Une épopée mystique
Tout au long de mon parcours scolaire, j’avais appris des choses sur Marie de l’Incarnation, Catherine de Saint-Augustin et François de Laval. On ne peut avoir poursuivi sa formation au Petit et au Grand Séminaire de Québec et sillonné les rues du Vieux-Québec pendant tout ce temps sans qu’il en reste des vestiges dans son bagage culturel. Mais il m’a fallu attendre l’année de mon ordination sacerdotale pour qu’une lecture me fasse prendre une vive connaissance du rôle déterminant qu’ont exercé ensemble ces trois personnages plus grands que nature dans l’établissement de la Nouvelle-France.
C’était en 1951. Le prestigieux Georges Goyau, membre de l’Académie française, venait de publier, sous le titre Une épopée mystique, un volume consacré aux grandes figures religieuses qui ont marqué les débuts héroïques de Québec et Montréal. L’ouvrage ne contenait rien de bien neuf sur le sujet, mais avait le mérite de présenter une mosaïque impressionnante des fondateurs et fondatrices de l’Église canadienne. Plusieurs ont reçu depuis les honneurs de la béatification, voire de la canonisation, et leurs noms figurent au propre de notre sanctoral liturgique. C’est ainsi que, entre le 30 avril et le 6 mai, nous faisons successivement mémoire de la bienheureuse fondatrice des Ursulines de Québec, du bienheureux fondateur du diocèse de Québec et de la bienheureuse Augustine de l’Hôtel-Dieu de Québec. Les trois vivaient à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, œuvrant et priant ensemble en de multiples occasions.
Pendant les vingt années qui ont précédé l’arrivée de Mgr de Laval, les Ursulines et les Augustines avaient déjà établi les fondements de la société canadienne en créant des services d’éducation et de santé. L’évêque ne mit pas de temps à créer, en 1663, le Séminaire de Québec pour la formation et le soutien d’un clergé local, puis à fonder, en 1664, la première paroisse au nord des possessions espagnoles de l’Amérique.
Pour souligner le 350e anniversaire de la paroisse Notre-Dame de Québec, toutes celles qui en sont issues, au Canada et aux États-Unis, sont invitées à organiser des pèlerinages tout au long de l’année jubilaire. Déjà des milliers de pèlerins ont franchi la Porte sainte de la cathédrale de Québec et ont marché sur les pas des pionniers de notre foi.
Si la distance ou quelque incapacité nous empêche d’aller prier sur les tombeaux des fondateurs de notre Église, ne manquons pas de célébrer leur mémoire le jour de leur naissance au ciel.
Mgr Maurice Couture, archevêque émérite de Québec
prions en eglise.