Homélie pour le Dimanche de Pâques
par le Chanoine Dr. Daniel Meynen
" Le premier jour qui suivait le sabbat, de grand matin, lorsqu'il faisait encore noir, Marie de Magdala se rendit au sépulcre ; elle vit la pierre enlevée du tombeau. Elle court donc auprès de Simon-Pierre et de l'autre disciple que Jésus aimait et leur dit : «On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l'a mis !» Pierre partit avec l'autre disciple, et ils se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux, mais l'autre disciple, plus rapide que Pierre, prit les devants et arriva le premier au tombeau. Il se pencha, vit les linges posés là, mais il n'entra pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour ; il entre dans le caveau, voit les linges posés là, ainsi que le suaire qui avait couvert la tête de Jésus, non pas avec les linges, mais enroulé à part à une autre place. Alors l'autre disciple, arrivé le premier, s'introduisit à son tour dans le tombeau. Il vit et il crut. En effet, ils n'avaient pas encore compris, d'après l'Ecriture, qu'il devait ressusciter des morts."
Homélie :
" Le premier jour qui suivait le sabbat, de grand matin, lorsqu'il faisait encore noir, Marie de Magdala se rendit au sépulcre."
Chez les Juifs, le jour du repos, le jour qui commémore le repos du Seigneur après la Création, c'est le sabbat, c'est-à-dire notre samedi. Mais depuis la Résurrection du Seigneur, que nous célébrons aujourd'hui, le jour du repos de tous les Chrétiens, c'est le dimanche, c'est-à-dire le lendemain du samedi, ou "le premier jour qui suivait le sabbat". Le dimanche commémore ainsi le repos du Seigneur, non plus le repos du Seigneur après la Création, mais bien le repos du Seigneur après la Nouvelle Création, la Création renouvelée et pleinement restaurée dans le Christ, vrai Dieu et vrai Homme.
En ce dimanche de la Résurrection, qui est le dimanche par excellence, celui qui va imprimer sa marque et son caractère à tous les dimanches de l'année, nous commémorons le repos du Seigneur, non pas seulement celui de son âme, mais aussi, et bien plus, celui de son corps. En ce dimanche, nous honorons tout particulièrement le corps du Seigneur, ce corps qui a enduré tant et tant de supplices durant la Passion et qui est maintenant glorieux et resplendissant de gloire !
" Marie de Magdala se rendit au sépulcre ; elle vit la pierre enlevée du tombeau. Elle court donc auprès de Simon-Pierre et de l'autre disciple que Jésus aimait et leur dit : «On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l'a mis !» "
C'est une femme, Marie-Madeleine, qui, la première, annonça aux Apôtres la Résurrection du Seigneur. Ce fait a toujours été mis en relief par les commentateurs de l'Evangile de la Resurrection. Il n'est d'ailleurs pas sans relation avec cet autre fait : Marie, la Mère de Jésus, est celle qui nous précède sur le pèlerinage de la foi, étant la première et le modèle de tous ceux qui croient au Christ Médiateur et Rédempteur. De même que Marie est la médiatrice ou l'intermédiaire entre le Christ et l'Eglise, ainsi, Marie-Madeleine est celle qui fut l'intermédiaire, la messagère pour annoncer aux Apôtres qu'il s'était passé quelque chose de mystérieux au tombeau : le corps du Seigneur avait disparu !
" Pierre partit avec l'autre disciple, et ils se rendirent au tombeau."
Pierre et Jean se rendent au tombeau. Ils ne croient pas encore à la Résurrection du Seigneur, mais ils croient déjà à ce que Marie-Madeleine leur avait dit : ils ont déjà une foi simplement humaine, naturelle, une foi qui va les conduire petit à petit vers la foi surnaturelle et divine à ce fait extraordinaire qui est la Résurrection du Seigneur. Mais Pierre, quoiqu'il arrive au tombeau après Jean, est cependant le premier à y entrer. Saint Jean reconnaît la primauté de Pierre, il sait que le Seigneur l'a institué pour être le fondement de toute l'Eglise, celui sur lequel tout repose, celui auquel le Christ a tout confié. Pierre est celui qui fait référence dans l'Eglise, celui qui guide et conduit tous les autres.
" Ils couraient tous les deux, mais l'autre disciple, plus rapide que Pierre, prit les devants et arriva le premier au tombeau. Il se pencha, vit les linges posés là, mais il n'entra pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour ; il entre dans le caveau, voit les linges posés là, ainsi que le suaire qui avait couvert la tête de Jésus, non pas avec les linges, mais enroulé à part à une autre place."
Que fait Pierre ? Il voit, il voit tout ce qu'il y a dans le tombeau. Ce qui importe pour Pierre, c'est de regarder, car c'est cela qui va le conduire à la foi en la Résurrection du Christ. Il voit que tous les linges sont bien là, qu'il n'en manque aucun, mais surtout il voit que tout est en ordre, dans un ordre parfait, un ordre qui reflète l'action de Dieu dans cet acte surprenant et tout à fait inouï : la Résurrection d'un homme par lui-même, la résurrection de l'Homme-Dieu.
Dieu en effet est parfaitement harmonisé et en ordre en lui-même : il n'y a pas la moindre imperfection en Dieu. Et Dieu a mis cet ordre dans l'univers qu'il a créé dans son amour. L'ordre de Dieu est présent dans toute la Création. Il est donc encore plus parfaitement présent dans cette nouvelle création inaugurée par la Résurrection du Christ. Pierre a vu cet ordre : il a compris, et il a cru ! Saint Jean termine d'ailleurs son discours par ces mots, qui se rapportent aux deux disciples ensemble : " En effet, ils n'avaient pas encore compris, d'après l'Ecriture, qu'il devait ressusciter des morts", voulant dire par là que, maintenant, ce que la Sainte Ecriture annonçait, ils l'avaient compris.
Que la Très Sainte Vierge Marie, qui n'a jamais cessé de croire que son Fils allait ressusciter des morts, nous vienne en aide en ce jour ! Que cette Eucharistie dominicale, ainsi que toutes celles de l'année, soit vraiment le moment privilégié de toute notre vie, le moment où nous aimons à reposer en Dieu, par la prière et la reception de ce très grand sacrement !
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