Jade Admin
Messages : 11246 Date d'inscription : 16/12/2008 Localisation : Canada-Québec
| Sujet: Retraite dans la ville - A la recherche des idées perdues Sam 24 Mar - 20:43 | |
| A la recherche des idées perdues « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perd. » Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean chapitre 12, verset 24-25 Et voilà que Dieu exige encore quelque chose de moi. Ma première réaction en lisant ces deux lignes : quelle impertinence ! Comment puis-je ne pas aimer ma propre vie ? Nous pouvons appliquer ces phrases aux moines du moyen-âge qui sont enfermés, qui jeûnent, qui se flagellent et ne vivent pas cette vie, mais attendent la vie éternelle. Mais moi, qui suis le fils d’une époque centrée sur l’amour de soi, d’une époque où nous profitons de la joie et des ressources de la vie jusqu’au bout, d’une époque où l’individualité de la personne est un bien essentiel, d’une époque où mon opinion est intouchable, comment puis-je comprendre ce texte dans un tel contexte ? Eh bien c’est une idée absurde. Si quelqu’un aujourd’hui me disait qu’au lieu d’aimer et de profiter de la vie il préfère se détacher du monde, je le regarderais de travers. Lorsque je pense à mon propre chemin, j’ai du mal à dire si j’ai commencé par chercher Dieu ou par me chercher moi-même. Peut-être est-ce Dieu qui a commencé à me chercher… Peu à peu, j’ai découvert la force que, je l’espère, Dieu a mise en moi. J’y ai puisé. Puis j’ai découvert que je ne pouvais pas suivre le rythme. C’était trop pour moi. J’avais besoin de faire des choix et prendre des décisions qui ne sont pas toujours faciles et même parfois très difficiles et douloureuses. Alors, j’ai pensé que faire un choix et y rester fidèle, c’était là le détachement dont parle Jésus.
Je suis allé plus loin et je me suis précipité sur mes défauts. J’ai commencé à sentir qu’ils pouvaient me tuer, pas pour la vie éternelle, mais me blesser dès ici-bas. Alors j’ai appris à me protéger par la prière, par le travail sur mes sentiments et sur mes relations. J’ai été fasciné par la capacité humaine à vite oublier les choses. Le cheminement spirituel demande de la persévérance et j’ai appris à me forcer pour ne pas lâcher ce que j’avais commencé. Parfois j’ai voulu cueillir les fruits tout de suite. Mais j’ai été obligé d’attendre assez longtemps les résultats. Parfois il me semblait que j’étais déjà à l’aise avec une certaine vertu. Mais dans les épreuves, je découvrais que ce n’était pas le cas. Le grain de blé qu’on sème a besoin des saisons pour germer et grandir, avant de donner un épi mûr ; et la démarche spirituelle, elle aussi, demande du temps. Alors j’ai pensé que faire ce chemin et y rester fidèle, c’est la leçon que nous donne Jésus en nous montrant l’image du grain de blé. Plus tard, j’ai commencé à comprendre que le sens de la vie se trouvait dans les relations. Jusque-là, il me semblait plutôt que les autres violaient mes intérêts, m’empêchaient d’être moi-même et m’imposaient leur volonté. Mais aujourd’hui le message que je trouve dans ce texte, dans le contexte de ma vie, de mon propre parcours avec Dieu, est bien l’importance des relations. C’est justement sur ce terrain des relations que je peux continuer mes deux recherches essentielles : celle d’un Dieu qui donne à ma vie son sens, sa dimension sacrée, et celle de ma manière unique, irremplaçable, de vivre cette vie qu’il me donne. Il devient alors difficile de distinguer les relations avec Lui des relations avec mon prochain, car ces relations forment un même chemin : un chemin de sainteté.Frère Bernardas Verbickas Le frère Bernardas est lituanien. Il est actuellement au couvent de Lille pour terminer ses études de théologie et de philosophie. Il anime le foyer des étudiants du couvent. Il aime aussi peindre. | |
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