p-m
Messages : 2950 Date d'inscription : 02/01/2009 Localisation : Montréal
| Sujet: C'est tellement beau, que je recopie pour ceux qui n'ont pas reçu Dim 14 Mar - 13:15 | |
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dimanche 14 mars |
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Frère Hubert Cornudet |
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Être et avoir |
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La Parole de Dieu
« Moi, ici, je meurs de faim ! » Évangile selon saint Luc, chapitre 15, verset 17
La méditation
Aujourd'hui nous lisons un des best-sellers de la littérature évangélique. Connue sous le nom de parabole du fils prodigue, elle pourrait aussi se nommer « la parabole du fils aîné rabat-joie » ou encore « la fable d'un père incompris ». Cette histoire bien connue d'un père avec ses deux fils malheureux? nous la connaissons très bien parce qu'en fait, cette histoire c'est un peu la nôtre. En fait c'est notre histoire et celle de Dieu. Tout est dit : nos désirs et son amour, nos peurs et sa présence, nos révoltes et sa patience, notre liberté et son attente, notre folie et son incroyable miséricorde, notre dépression possible et sa distance de tout abus de pouvoir?
Le Père est celui qui donne. Il partage tout avec les deux fils. Pour chacune de leur faim on pressent qu'il a une nourriture, pour chacune de leurs blessures, un remède. Ses mains ne retiennent rien. Tout ce qui est à lui est à eux. Il est un père prodigue. Il ne sait que donner.
L'aîné est installé dans son rôle, sa responsabilité de premier. Il prendra la suite, la direction des affaires. Sans doute fait-il tout pour correspondre à ce que, croit-il, on attend de lui. Il est très soucieux de son image. Il ne prend aucun risque. Il ne transgresse rien. Il est un conservateur sans doute trop attentif à son image sociale, familiale et peut-être religieuse. Nous le voyons à la fin du récit, incapable de partager le bonheur des siens, amer et replié sur son quant à soi. Il ne supportera pas l'accueil qui sera fait à son frère.
Le cadet : il ne peut pas rivaliser ; l'aîné lui met trop de pression. Il est dépassé. On pourrait dire qu'il n'a que deux choix : être soumis ou rebelle. Peut-être se sent-il écrasé par tant de générosité de la part du père ? Il est possible qu'il se heurte à un amour qui l'épuise. Il dépend en tout de son père. Il sent qu'il n'est rien. Il lui faut faire la preuve de son existence, trouver sa propre identité. Le grand : sérieux, soumis, sec, je le plains ! Le petit : révolté, risque-tout, sensible, je l'aime bien ! Dans ce texte il existe un paradoxe. Les deux enfants sont malheureux alors qu'ils sont profondément aimés. Cet écart profond entre la réalité et le ressenti, dans les relations d'amour, est peut-être le nôtre.
Le fils est parti. Il choisit seul de prendre un risque. Il se met hors d'atteinte et le père ne peut plus rien pour lui. Il ne le retient pas - comme il n'a jamais rien retenu. Il donne même à son fils ce que celui-ci lui réclame : une part d'héritage. Voilà, l'enfant est seul face à lui-même, loin de l'ombre paternelle. Il a son bien. Il a confiance dans les choses. Cela rassure, les choses ! Il entre dans l'adolescence ; il s'instruit. Il déchiffre son humanité et ses heures sont riches. Toutes nos heures de traversées, de dépressions, de ruptures peuvent être riches. Il sent qu'il existe et il en est grisé. Il sent l'homme qui naît en lui-même. Il passe de l'avoir à l'être. Son combat est réel. Il affronte même ses souvenirs. Il se souvient que même s'il se sentait dans un cocon qui enferme, il y avait de l'affection familiale. Il prend conscience que certes il est, mais il est seul. Une faim s'installe pour ne pas lui laisser de repos. Il existe mais pour personne. Peut-on être soi tout seul ?
Rentrant alors en lui-même, il abandonne la lutte et il peut faire des projets. Oui il a beaucoup perdu mais il est un homme vivant, qui se lève et qui a un avenir. Pour cela il va devoir s'assouplir et reconnaître justement celui qui l'a engendré et qui lui manifestait sa tendresse. Il ne fait pas machine arrière. Il entreprend un voyage de retour qui ici sera une conversion. Rentré chez lui il ne sera plus le même. Il pourra goûter à la paix et à la joie d'un bonheur qu'il ne savait voir.
La rupture, l'errance, la solitude, la perte, le naufrage, la dépression, sont des moments où il est possible de s'humaniser pour peu qu'on tente d'être soi-même. Le chemin du cadet nous redit que toutes nos heures peuvent être riches. A l'inverse, l'absence de risque pris par l'aîné, qui lui traverse l'existence apparemment sans se poser de questions, lui rétrécit le regard.
Le pèlerinage intérieur a creusé le désir du cadet et celui-ci est désormais aussi large que l'envergure des bras du père qui vont l'étreindre.
A nous de ne pas déserter les chemins intérieurs ! A nous aussi un avenir s'ouvre ! |
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Retrouvez aussi la méditation de l'évangile de ce dimanche... en BD ! |
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