C’est bien humblement que je vais te parler de la spiritualité du carmel, car je viens moi-même de la découvrir.
C’est une spiritualité qui favorise le silence et le cœur à cœur avec le Seigneur. Ce cœur à cœur quotidien est appelé «oraison». À tous les jours, les laïcs qui vivent de cette spiritualité sont invités à consacrer une trentaine de minutes à l’oraison.
À travers ces cœurs à cœur quotidiens, nous apprenons à reconnaître la souveraîneté du Seigneur Jésus et donc à nous abaisser afin que celui-ci nous élève comme nous l’enseigne l’Évangile.
À travers mes oraisons, je suis donc appelé à découvrir que je suis le débiteur absolu du Seigneur ayant tout reçu de lui. Je découvre également que je suis blessé par le péché et que je ne peux rien faire par moi-même qui puisse vraiment plaire à Dieu, à moins que le Seigneur m’en donne la grâce. Cette vie en esprit et vérité que le Seigneur désire tant de nous est vraiment le fait de l’Esprit Saint et non pas le résultat de nos seuls efforts.
Ainsi, lorsqu’une âme se prosterne entièrement devant le Seigneur, reconnaissant qu’elle n’est rien de par elle-même puisqu’elle lui doit tout, le Seigneur tout bouleversé de voir qu’elle ose faire la vérité en sa présence dit à ses serviteurs, à savoir ses anges :
- Citation :
- Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !
C’est la joie, car le Seigneur vient habiter notre cœur. Bien sûr, lors de notre baptême, le Seigneur avait semé sa présence en nous, mais pas davantage afin de respecter notre liberté. Voilà que reconnaissant sa souveraineté et en acceptant de vivre selon sa loi d’amour qu’il nous trouve digne de devenir sa demeure. Il en prend donc pleinement possession de notre cœur.
Quelle douceur que de réaliser prendre possession de notre cœur pour l'habiter, notre vie spirituelle en est profondément renouvelée. Avant ce grand événement, l’oraison était quelque chose d’ardue. Il était difficile de recueillir nos sens afin de s’intérioriser. Mais pas après, car il n’est plus possible de douter que le Seigneur nous habite. Nous comprenons que nous sommes pour lui un temple saint et qu’il est possible de l’adorer sur l’autel de notre esprit.
Sainte Thérèse d’Avila, nous enseigne que c’est le début de l’oraison de recueillement, car l’âme peut dès lors facilement se recueillir.
Il ne faut pas croire dès lors que nous sommes saints parce que le Seigneur trône sur l'autel de notre esprit. Non, car nous n’en sommes qu’au début encore. Nous avons encore à déraciner les vices en nous et acquérir les vertus. Maintenant que nous savons à ne plus en douter que le Seigneur nous habite, il faut maintenant que chacun de nos actes soient accomplis en union avec lui.
Dans la mesure que nous sommes héroïques à vaincre nos inclinations mauvaises et à avancer sur le chemin de la vertu, le Seigneur commence à nous faire des petits cadeaux. L’âme commence à goûter des moments de repos surnaturel. Sainte Thérèse décrit ces moments en disant que le Seigneur met au repos notre entendement et nos pensées, nous sommes dès lors pleinement en mesure de savourer la douce présence du Seigneur. Sainte Thérèse donne le nom d’oraison de quiétude à ces moments de repos dans l’Esprit.
Voilà que peu à peu l’âme, de par ses nombreux petits renoncements, commence à mourir à elle-même. Le doux voile qui la sépare du Seigneur s’amincit. Elle commence à pouvoir contempler le Seigneur dans ses perfections. Une union mystique s’opère. L’âme rentre dès lors dans l’oraison d’union.
Voilà, bien brièvement, telle que le Seigneur me donne de le comprendre le chemin que nous propose la spiritualité thérèsienne ; celle que les carmélites pratiquent et qui est le cheminement d'une vie.
Il y aurait bien d’autre chose à dire sur cette spiritualité, comme par exemple l’importance de la vie communautaire. La vie communautaire est importante même pour les laïcs carmes de la branche séculière. Ils se réunissent une fois par mois pour prier, revoir ensemble l’enseignement des saints du Carmel et fraterniser.
Si tu aimes la lecture, je t’encourage à lire le chemin de la perfection de Thérèse d’Avila. Tous les carmes des diverses branches se consacrent présentement à la lecture de ce livre. Ceci afin de se préparer à la célébration du 5ème centenaire de la naissance de sainte Thérèse de Jésus qui aura lieu en 2015.
Je te donne l'adresse du site web des communautés séculières du Carmel. Ça te donnera encore une meilleure compréhension du cheminement que propose la vie carmélitaine pour nous les laïcs: www.lecarmel.org/docs/communautes/seculiers/index.php