Il y a tant de manières d'être mère. Avec un, deux ou trois enfants, les siens ou ceux de son conjoint, avec ou sans conjoint...Ce n'est pas aux mères d'aujourd'hui que je vais apprendre qu'elles sont multiples. Nous ne savons que trop comment notre monde est éclaté tout comme nos repères. A chacun son modèle. Alors, pourquoi ne pas y aller de ma petite suggestion et en même temps de ma prière.
Mais je dois avouer avoir hésité avant d'entreprendre la rédaction de ce billet destiné aux mamans. Je ne voudrais tellement pas les enfermer dans un modèle suranné d'autant plus que ce qui m'aura inspiré n'a pas bonne presse dans tous les milieux. Cependant, je me suis rappelé que la vie est un héritage qui vient avec tout un bagage et qu'en définitive chacun le gère à sa guise.
Au coeur de cet héritage, il est des figures, des images et des modèles. Les avoir fréquentés laisse invariablement des traces. La tradition chrétienne en est riche. C'est ainsi qu'en son coeur, il est une femme, une mère, qu'on a malheureusement trop facilement désincarnée et même parfois raillée. A trop vouloir en célébrer la beauté elle s'est retrouvée enfermée dans des dogmes qui l'ont rendue inaccessible. Pourtant il s'agit d' un être humainet qui l'est demeuré. Cette femme, c'est Marie. Un être de chair et de sangqui a connu les larmes, la misère, l'obscurité, qui a connu aussi la joie d'être aimée et d'être mère. Une femme, une vraie femme, qui a tenu un petit enfant dans ses bras. Certes, il venait d'ailleurs, mais c'était le sien puisqu'elle l'avait tiré de son corps. Elle l'a bercé et nourri. S'il a fait sa fierté quand les foules l'acclamaient, il a nourri son angoisse quand encore tout petit il fallut prendre avec lui le chemin de l'exil, quand adolescent il sera resté au temple sans prévenir, surtout quand tout a mal tourné. Marie, fut un être humain bien réel, bien de notre race.
Alors pourquoi serait-il incongru d'être mère à la manière de Marie ? Le modèle en vaut bien d'autres. Non pas la Marie des images pieuses, mais celle des Evangiles, celle qu'ont connue Jésus, Jean et les autres. Certes le Seigneur fit pour elle des merveilles rendant libre chez elle l'expression de l'amour, mais elle est d'abord une soeur en humanité, belle, bonne, fidèle, patiente, courageuse, amoureuse...
Pourquoi ne pas rêver un peu ? Pourquoi ne pas rêver qu'une mère puisse être belle, bonne, fidèle, patiente, courageuse, amoureuse...à la manière de Marie. On ne peut me tenir rigueur de reconnaître que telle soit ma prière pour les mamans. Tant pour celles qui y trouvent leur joie que pour celles qui peinent à la tâche.
Bonne fête des Mères ! Je vous porte dans ma prière.
Père Jacques Houle, c.s.v