Bonjour à toutes et tous.
Ce texte nous a été présenté en réflexion il y a quelques temps par Jade. Je l’avais trouvé si beau que je l’ai copié et conservé. Le carême est passé mais « voir le monde comme il est et apprendre à l’aimer » est une interrogation quotidienne.
« Ma résolution de carême
"Apprendre à aimer le monde"
" Il y a un seul héroïsme au monde : voir le monde comme il est et l'aimer" . Cette petite pensée de l'écrivain français Romain Rolland (1866-1944) engage un vaste programme. J'en ferai ma résolution de Carême.
Voir le monde comme il est : impitoyablement régi par la loi du plus fort; enfermé dans ses contradictions, trop souvent jusqu'à la tragédie et au sang. Voir l'énigme du monde non seulement dans son ensemble, mais aussi dans les gens que je côtoie, dans chacun de mes proches et jusque dans ma propre vie. Et VOIR cela TOUT SIMPLEMENT, c'est-à dire abandonner l'obsession de vouloir tout comprendre ou, lorsqu'une trahison me ravage, me tenir dans le "dénuement de l'impuissance", dans l'attente du geste qui viendra commencer à recoller les mille morceaux de ma confiance brisée.
A partir de là, apprendre à aimer le monde. Apprendre à garder confiance en dépit de tout, en recherchant inlassablement les traces de la beauté qui sauve le monde. Cette recherche-là, pour une fois. il vaut mieux que je la commence dans son domaine le plus difficile, c'est-à-dire en moi-même. Car comment m'aimer moi-même si ma confiance a été brisée ? Et comment retrouver la confiance lorsqu'elle est détruite ?
Selon ce que j'ai retenu d'une conférence récente de la théologienne Lytta Basset, la seule possibilité de se ressaisir dont dispose quiconque a perdu confiance, c'est justement le "dénuement de l'impuissance" auquel je viens de faire allusion: me tenir là, dans l'attente de quelqu'un dont la rencontre pourra me faire du bien. Lorsque viendra l'heure de cette rencontre, ouvrirai-je ma porte ou non ?
Le temps de Carême nous est donné pour nous préparer à vivre pleinement la grande rencontre de Pâques.
Vais-je donc m'arrêter un peu au désert pour y affronter "les bêtes sauvages" (Marc 1,12) qui me hantent et détruisent ma confiance à mon insu ?
Vais-je cesser de laisser la peur m'enfermer sur moi-même et me porter à étiqueter les autres pour me rassurer ?
Mon coeur brûlera-t-il ou restera-t-il fermé au moment de la rencontre d'Emmaüs ?
Jacques Lison (Directeur Prions en Eglise) »
Dino