Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 12,1-11.
Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, celui qu'il avait ressuscité d'entre les morts.
On donna un repas en l'honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était avec Jésus parmi les convives.
Or, Marie avait pris une livre d'un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu'elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie par l'odeur du parfum.
Judas Iscariote, l'un des disciples, celui qui allait le livrer, dit alors :
« Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d'argent, que l'on aurait données à des pauvres ? »
Il parla ainsi, non parce qu'il se préoccupait des pauvres, mais parce que c'était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait pour lui ce que l'on y mettait.
Jésus lui dit : « Laisse-la ! Il fallait qu'elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement.
Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. »
Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu'il avait ressuscité d'entre les morts.
Les chefs des prêtres décidèrent alors de faire mourir aussi Lazare,
parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s'en allaient, et croyaient en Jésus.
COMMENTAIRE DU JOUR
Saint Jérôme (347-420), prêtre, traducteur de la Bible, docteur de l'Église
Commentaire sur l'évangile de Marc ; PLS 2, 125s (trad. DDB 1986, p. 96 rev. ; cf SC 494, p. 217)
« La maison fut remplie par l'odeur du parfum »
Dans l'évangile de Marc nous lisons : « Tandis qu'il était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, alors qu'il était à table, une femme vint avec un flacon d'albâtre contenant un parfum de grand prix » (14,3). Cette femme vous concerne directement, vous qui allez recevoir le baptême. Elle a brisé le flacon d'albâtre pour que le Christ, l'Oint du Seigneur, fasse de vous des chrétiens par l'onction. C'est ce qui est dit dans le Cantique des Cantiques : « Ton nom est un parfum qui s'épand : voilà pourquoi les jeunes filles t'aiment. Entraîne-moi à ta suite, courons ! » (1,3-4) Tant que le parfum était enfermé, tant que Dieu n'était connu qu'en Judée, tant que son nom n'était grand qu'en Israël (Ps 75,2) les jeunes filles ne suivaient pas Jésus. Mais dès que le parfum a été répandu dans le monde entier, les âmes des croyants ont suivi le Sauveur... Elle a brisé son flacon d'albâtre, afin que tous profitent du parfum...; cet acte rappelle « le grain de blé qui, s'il ne meurt pas en terre, ne porte pas de fruit » (Jn 12,24) : de même, si le flacon n'est pas brisé, nous ne pouvons pas nous oindre de parfum.
Cette femme n'est pas celle qu'un autre évangile cite pour avoir lavé les pieds du Seigneur (Lc 7,38). Car cette femme-là, qui jusque là était une pécheresse de mauvaise vie..., inonde de ses larmes les pieds du Sauveur et les essuie avec ses cheveux ; mais ce n'est qu'en apparence qu'elle lave les pieds du Sauveur, car en vérité elle se lave de ses péchés...
Qu'il en soit de même pour vous qui allez recevoir le baptême : puisque nous sommes tous pécheurs, que « nul n'est pur, même si sa vie n'a duré qu'un seul jour », (Jb 14,4 LXX)..., commencez par saisir les pieds du Sauveur, lavez-les de vos larmes, essuyez-les avec vos cheveux ; lorsque vous aurez fait cela, vous lui toucherez alors la tête, comme la femme chez Marc. Au moment de descendre dans la source de vie avec le Sauveur, vous devez apprendre comment le parfum arrive à la tête du Sauveur. Car si « la tête de tout homme, c'est le Christ » (1Co 11,3), votre tête aussi doit être parfumée, c'est par le baptême que vous recevrez cette onction.